Wednesday, December 13, 2006

La lune ensanglantée se réflétait vaguement dans le lac trouble. La nuit profondément calme renfermait le mystère de la dague noire. Le sang de héros qui coulait ici chaque pleine lune, et cet être vil, sombre... Il effrayait même les peureux vampires alléchés par le sang de ses victimes. Il les saignait à blanc, avec cette dague noire, acérée comme une stalactite, perçante comme les épines d'une rose, et tranchante de finesse, telle un feuille de papier. L'être la brandissant vaillamment, face au moindre opposant, mais chaque nuit, qu'il eût un opposant ou non, il tuait, éventrait, coupait, lacérait, écorchait, démembrait, déchiquetait, équarrait les ruptures de ses crépuscules, toute luminescence se teintait de la trace noire que laissait la dague. Et il tailladait jusqu'à ce que la moindre arrogance lumineuse soit supplée par les sinistres ténèbres de sa vie.alors il respirait, le froid ne l'empêchait pas d'agir, mais àchacun de ses membres s'endoloris, se succédait une vulgaire barre bleutée et rigide; dont il n'avait d'autre choix que de la rompre, pour se débarasser de ce fardeau gênant. [...]

Monday, December 04, 2006

rencontre divine

Ce n'est pas son talent, surement pas son don, qui faisait d'Henri un être hors du commun. C'était son amour, l'amour qu'il portait à la vie. Sans aucun doute, il était le plus grand magicien que j'eûs jamais rencontré. Sa passion ne pouvait être comprise, pas plus qu'elle ne pouvait être compromise. Je crois qu'un exemple serait le bienvenu, comme une explication à son état d'esprit, Henri par sa différence, restait incompris, mais pourtant une aura de respect l'entourait.

C'était en juillet 1992, en France, dans les Alpes, nous avions loué une chambre ma femme et moi, et c'est ici que j'ai rencontré Henri. Un jour que nous sortions en randonnée, accompagnés d'un guide petit et trapu, le ciel comme rompu de désespoir, déversa ses foudres sur ce paysage fabuleux. Un refuge se trouvait à quelques bornes de là, mais le guide, transi par les vrombissements du tonnerre, ne bougeait plus. Il s'était installé en étoile, allongé sur l'herbe trempée, admirant le chaos atmosphérique rompant son quotidien. Décontenancés, nous ne savions que penser, et nous restions immobiles à l'attendre. Nous n'osions rompre sa délection de nature, sa dégustation de beauté. C'est ainsi que nous fîmes de même, comme pour le comprendre. Je m'endormis sous la pluie qui s'écrasait fainéante. Le guide me réveilla, il avait l'oeil injecté de sang, la peau très blanche, je compris que cela faisait trois heures qu'il n'avait plus cligné les yeux. Etait-ce pour lui une sorte de rituel ? Je ne le pensais pas, je restais ébahi. Ma curiosité à son comble, je tressallais, sans me contenir je le bombardais de questions. Pourquoi? Il me répondit d'un air tranquille qu'il ne savait pas lui-même. Le tonnerre qui arrivait l'avait incité à pratiquer ce rituel étonnant, sans qu'il se l'explique lui-même. Mais alors étiez-vous contrôlé? Sa réponse fut bouleversante, "Ce ne sont pas les actes qui font que nous sommes, mais nos pensées, et j'ai toujours cru que mes pensées, se devaient d'être acte. En effet, tout ce que je pense, je le fais, tout ce qui me passe par la tête, je ne le garde pas au creux de mon imagination, je lui donne vie. Ainsi, je ne pense plus, cela devient très rare, je n'ai plus de réflexions sur le pourquoi du comment, ou la raison de la cause. Tout ce que je pense, je le matérialise dans mes actes. C'est ainsi que je pense que je dois vous expliquer ceci, mais je ne veux pas savoir pourquoi. Désormais je suis plus pur qu'agate, qu'amarithe, qu'améthyste, ou qu'aigue-marine. Qu'azurite, qu'ambre, ou qu'hasard. Je suis l'explication du champ morphique, la raison humaine, et je contrôle l'acte, comme je contrôle les vallées, les nuages, les vivants, les morts. Je suis Dieu, et j'ai compris le premier la solution à l'équation universelle. Je pense que je vis, et je vis, je pense que je meurs et je meurs, je pense que je pense? Et je pense. C'est l'éternité de ce cycle, qui détient ma possession. Et nul ne peut imaginer, que tout est contrôlable par l'acte divin, que j'émets en ce monde."
A vrai dire, je n'avais rien compris sur le moment. Mais après mûre réflexion, mes yeux s'ouvrirent et je pris la décision de ne plus réfléchir, tout comme lui, mais d'agir. Mais je n'y parvins pas, car la mort m'inquiétait, et l'idée m'obsédait pourtant les pensées, cette idée qu'il était capable de contrôler la mort.

Sunday, November 26, 2006

Pourquoi il ne faut pas croire en la ponctualité

Les immeubles si hauts, les gens si nombreux, si indifférents; les klaxons qui tintaient comme une mascarade incessante, et ce jeune gars, vêtu d'un costume bleu marine, de pompes cirées comme au premier jour, et d'un superbe caban noir, avec un grand col. Ce gars dégageait une certaine présence, il avait la classe. C'était surement le seul à s'être arrêté au milieu du trottoir, à regarder les gens passer. Cela faisait 12 ans qu'il rêvait de ce poste, au 47ème étage de la tour qui lui faisait face, triomphante. Il savait que sa réussite dépendrait de sa prestation, l'entretien qui l'attendait serait surement le plus dur de toute sa vie. il s'était levé à 4h du matin par peur d'être en retard, son rendez-vous l'attendait à 9h précise.
Soulevant son bras, extirpant son poignet de la manche, il vit: 8h49
Il était temps pour lui de monter, il tenait à arriver pile à l'heure. La ponctualité, ce n'est pas être en avance! Traversant l'avenue, le vent qui soufflait fort lui donna du courage. Il parcourit l'impressionant hall d'acceuil, jusqu'aux ascenceurs. Il appuya fermement sur le bouton, tous ses gestes étaient saccadés, comme pour se robotiser, ne plus sentir cette peur qui le prenait dans le bas du ventre. Son regard était vague, il ne regardait rien, mais voyait tout.
Arrivé au 47 ème, il demanda la direction du bureau de Mr Collins. Puis il s'installa devant la porte, et à 9h, il frappa contre le bois résonnant. Mr collins, un homme assez vieux, les cheveux gris, se distinguait- par un caractère très fort, et une culture extraordinaire.
- Installez-vous sur ce fauteuil, Mr smith, je vois que vous vouliez être ponctuel, mais l'on est vraiment ponctuel, que quand on arrive à l'heure sans regarder sa montre.
- Excusez-moi monsieur Collins, mais comprenez qu'il s'agit pour moi, d'un événement décisif, que par conséquent je ne puis me permettre d'oublier ma montre un simple instant.
- Evidemment. Alors Mr Collins, je suis là pour voir si vous avez le cran, le sang-froid, que réclame ce poste. Dites-moi, la montre que vous avez là, balancez par le conduit d'aération s'il vous plaît.
- Euh, mais il s'agit d'un cadeau de valeur, mon père me l'a offerte quand je suis parti de la maison, elle appartient à la famille depuis 4 générations.
- Le fait est que, c'est la montre ou la porte, et d'ailleurs, le sentimentalisme, ça n'existe pas ici.
- Très bien, je vais la jeter. ( il jette sa montre, pensant à son égoïsme, son père et sa famille était tout de même plus important que ce job, Oh, et après tout, ce n'est pas un vulgaire symbole qui va lui faire rater son avenir.)
- Bon, je vous en prie, prenez la porte, nous avons besoin de caractère ici, et pas d'un vulgaire soumis à la décision d'un vieux rabougri, dégagez de là.
Son histoire s'acheva ici, le soir même, le jeune homme fut retrouvé mort dans son appartement. Et tout cela pour une histoire de ponctualité...
-

Saturday, November 25, 2006

Corvée d'un soir

-Ca pue, c'est quoi cette odeur ?
-C'est le poisson d'hier, celui que t'as pas mangé parce qu'il était complètement pourri.
-Et merde, y'a un trou maintenant, et du jus de viande commence à coûler.
-Prends garde à pas t'en prendre sur tes jolies jambes, ma rose.
-Voudrais-tu, par quelques gentillesses, recevoir une quelconque carotte?
-Non, je pensai juste que tu étais belle, et que c'était bon de t'avoir prêt de moi, malgré l'odeur.
-Ô, tu sais, sitôt que nous arriverons au dépôt, notre histoire se terminera; et sitôt que je rentrerai, une autre commencera.
-Alors marchons moins vite, j'aime sentir le creux de ta paume tout contre moi, le frottement de tes jambes quand je suis près de toi.
-C'est la première fois, qu'une histoire comme toi raffole tant de mes jambes, d'habitudes elles sont perverses et honteuses, mais leur odeur ne flatte pas tant les narines.
-C'est juste que dans ce mini-short, toi si grande, je ne peux qu'avoir une vue prenante. Excuse moi d'être si lourd.
-Non j'en ai eu des plus lourdes, ça ne fais que deux jours que tu es chez moi.
-Deux jours de plénitude, quand tu rentrais le soir, que je t'attendais sagement, et que tu mangeais. J'ai aimé te voir manger, et venir vers moi ensuite, déverser en moi tout ce que tu ne voulais pas, comme une confession.
-Oui, je t'ai aimé, mais aujourd'hui, tu es surchargée de souvenirs, et je ne peux par désespoir, que te jeter, comme bien d'autres d'ailleurs, des semblables, y passeront.
-Je le sais, et je ne t'en veux pas, dans peu de temps, je trouverai de nouveau refuge au plus profond d'une autre.
-Nous voilà arrivés au dépôt, je t'abandonne ici, dés demain des hommes viendront te relever, et te montreront la vraie liberté, adieu.
La jeune fille déposa la poubelle, et rentra chez elle.